
Les raisons de la crise : le rôle des quotidiens gratuits
Alors que la crise de la presse, qui dure déjà depuis 60 ans, a atteint son apogée ces dix dernières années, les quotidiens gratuits sont très touchés par cette dernière ; bien qu'ils soient aussi une des causes de la crise de la presse payante.
Sur le marché des quotidiens français, les trois grands 20 Minutes, Direct Matin et Metronews subissent de plein fouet la crise publicitaire. En effet, les journaux gratuits dépendent à 100 % de la publicité. Or cette dernière rapporte de moins en moins avec l'arrivée d'Internet sur le marché de l'information.
Selon les résultats de l'OJD, en un an, les trois quotidiens gratuits d'information affichent chacun une baisse dans leur diffusion : -1,91% pour Direct Matin, -1,47% pour Metronews et -2,26% pour 20 Minutes entre 2012 et 2013.
Leurs recettes ont baissé de 8,6 % sur les trois premiers trimestres de 2013, selon l'Irep. (Institut de Recherche et d’Études Publicitaires)
Le journal 20 Minutes par exemple, le premier quotidien gratuit à s'être lancé en France en 2002, a bouclé son année 2013 nettement dans le rouge : une année plombée par une chute de plus de 10% de ses recettes publicitaires. Pour faire face à cette situation, le président du journal, Olivier Bonsart, avait supposé la suppression de treize postes, dont neuf photojournalistes ; la crise de la presse devient ainsi un élément du chômage.
Le nombre de villes où 20 Minutes est distribué a également été réduit de 45 à 36 en début d'année 2014 pour diminuer les frais de diffusion devenus trop chers par rapport aux profits réalisés.

Avec l'arrivée des journaux gratuits, on remarque un engouement des lecteurs pour cette information facilement accessible. Cependant ces journaux présentent une information limitée et factuelle ; les lecteurs veulent simplement être «au courant», très peu souhaitent un approfondissement des sujets que l'on peut retrouver dans la presse payante. Ils ne veulent plus payer pour une information qu'ils ont déjà eu.
Metronews l'a bien compris et a investi le champ numérique depuis deux ans en fusionnant ses équipes papier et numérique. Peu à peu, le support papier pour les journaux gratuits commence à disparaître.
Les gratuits souffrent aussi de l'évolution des habitudes des consommateurs : plus mobiles, plus connectés. La presse gratuite est distribuée dans les transports en commun, cependant aujourd'hui, les gens qui prennent ces transports sont de plus en plus sur leurs téléphones portables et ne prennent plus les journaux. (Voir article "Les raisons de la crise : changements des habitudes de consommation")